À fin mars 2025, 24 partis politiques marocains ont restitué au Trésor public un montant cumulé de 35,92 millions de dirhams, représentant un soutien public indu, non utilisé ou non justifié. Ces restitutions, étalées sur les années 2022 (19 MDH), 2023 (8,07 MDH) et 2024 (8,85 MDH), font suite aux audits réalisés par la Cour des comptes, dans le cadre de son contrôle annuel de l’usage des fonds publics alloués aux partis.
Les montants restitués concernent essentiellement le financement des campagnes électorales (28,71 MDH), les frais de gestion (2,42 MDH) et les missions, études et recherches (4,79 MDH). La Cour souligne que cette dynamique traduit une volonté progressive de régularisation de la part des formations concernées.
Mais malgré ces efforts, 15 partis n’ont pas encore remboursé un total de 21,96 MDH. Cette somme est liée à des montants indus (0,65 MDH), des fonds utilisés à des fins non conformes ou non utilisés (6,24 MDH), et des dépenses non justifiées par des pièces requises (15,07 MDH). Ces montants concernent notamment le financement électoral des scrutins de 2015, 2016 et 2021, ainsi que la participation de l’État à la couverture des frais de gestion de plusieurs années, entre 2017 et 2023.
Pour l’année 2023, les dépenses totales déclarées par 27 partis s’élèvent à 91,37 MDH, réparties majoritairement entre les frais de gestion (92,35 %), les immobilisations (5,56 %) et les études ou missions (0,60 %). Le rapport révèle une concentration budgétaire notable : trois partis ont exécuté 68 % des dépenses totales, soit 61,63 MDH, tandis que 17 partis se partagent à peine 8 % des dépenses.
En matière de transparence, la situation s’améliore. Les dépenses non justifiées représentent 6,27 % des montants déclarés, soit une nette baisse par rapport à 2022 (26 %). Toutefois, des irrégularités subsistent. Sur les 5,73 MDH de dépenses faisant l’objet d’observations, 93,3 % ne sont appuyées par aucune pièce justificative, 5,4 % le sont de manière insuffisante, et 1,3 % par des documents non libellés au nom du parti.
La Cour des comptes relève également une baisse des frais de gestion, passés de 89,35 MDH en 2022 à 84,39 MDH en 2023. Ces frais incluent les charges de personnel (25 %), les loyers (18 %), les manifestations (17 %) et les déplacements (16 %), entre autres.
Enfin, le rapport note que seuls trois partis ont déclaré des dépenses pour l’organisation de congrès en 2023, pour un total de 1,21 MDH, contre 13 partis et 19,9 MDH en 2022. Ce recul peut traduire une rationalisation, mais aussi un manque d’activité interne dans certains partis.
La Cour appelle à une meilleure rigueur dans la gestion des fonds publics par les partis, insistant sur l’importance des justificatifs et du respect des règles comptables. Si des progrès sont notables, la route vers une transparence complète reste encore longue.