C’est à Tanger que s’est tenue, ce jeudi, une rencontre régionale dédiée à l’économie de l’eau d’irrigation, un enjeu devenu crucial dans le contexte du changement climatique. Initiée par la Chambre régionale d’Agriculture de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, la rencontre s’est déroulée sous le thème : « Gestion de l’eau d’irrigation : défi de la stratégie Génération Green pour atténuer les effets du changement climatique ».
Autour de la table : représentants du ministère de l’Agriculture, chercheurs, experts et professionnels du monde agricole. Tous réunis pour débattre des bonnes pratiques, partager les dernières avancées technologiques et sensibiliser à l’impératif d’une gestion durable de l’eau dans un secteur aussi stratégique que l’agriculture.
Un déficit hydrique persistant malgré les pluies
Lors de son intervention, Abdeslam Biari, président de la Chambre régionale d’Agriculture, a rappelé que, malgré les précipitations notables enregistrées récemment dans la région, le déficit en eau reste préoccupant. Une réalité qu’il attribue directement aux effets du changement climatique. Il appelle ainsi à redoubler d’efforts pour rationaliser l’usage de cette ressource vitale, en adoptant des approches innovantes, à même de garantir une gestion équitable et durable de l’eau, véritable levier de sécurité alimentaire.
Une région agricole aux ressources à valoriser
Hicham El Louizi, ingénieur en chef à l’Office régional de mise en valeur agricole du Loukkos, a livré un aperçu des ressources agricoles de la région : environ 729.200 hectares de terres arables, dont 71.900 hectares sont irrigués, soit près de 10 % de la superficie cultivable. Le taux de remplissage des quatre principaux barrages d’irrigation (Oued El Makhazine, Dar Khrofa, Charif Al Idrissi et Chefchaouen) atteignait 71,26 % au 14 mai.
Il a également détaillé les projets structurants lancés par le ministère de l’Agriculture, notamment l’extension de l’irrigation à 4.500 hectares dans les provinces de Tétouan, Chefchaouen et Ouezzane, pour un coût global avoisinant 940 millions de dirhams. L’un des projets phares reste celui de Dar Khrofa, qui bénéficiera à dix communes rurales des préfectures de Tanger-Assilah et de Larache, avec à terme 21.000 hectares concernés par l’irrigation localisée.
Des impacts mesurables sur la consommation et les rendements
Selon M. El Louizi, l’ensemble de ces efforts a permis une réduction de 16 % de la consommation en eau des barrages entre 2023 et 2024, soit une économie de 104 millions de m³. À cela s’ajoute une baisse de 20 % de la facture énergétique, une efficacité du réseau d’irrigation portée à 85 %, ainsi qu’une amélioration du taux d’intensification agricole à 1,25.
Des chiffres révélateurs du potentiel hydrique régional
L’Agence du bassin hydraulique du Loukkos a présenté un état des lieux des ressources en eau de la région : 3,63 milliards de m³ disponibles annuellement, dont 94 % d’eaux de surface. La dotation en eau par habitant dans cette zone est de 1.026 m³ par an, contre 606 m³ en moyenne au niveau national.
Deux jours de réflexion pour des recommandations concrètes
La rencontre, prévue sur deux jours, est ponctuée d’ateliers thématiques, suivis de séances de synthèse visant à formuler des recommandations concrètes. Objectif : appuyer les stratégies régionales et nationales en matière d’économie d’eau d’irrigation, au service d’une agriculture résiliente et durable.
