Steve Ciesinski : « L’Afrique peut jouer un rôle mondial dans la Deep Tech et l’intelligence artificielle »

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Présent pour la première fois au Maroc, à l’occasion de la 2e édition du Deep Tech Summit organisé à l’Université Mohammed VI Polytechnique à Benguerir, Steve Ciesinski, fondateur de Vencrest Partners et ancien président de SRI International, a livré une vision optimiste sur le rôle que l’Afrique peut jouer dans l’innovation scientifique de rupture.

Lorsque Steve Ciesinski, professeur à Stanford depuis 15 ans, a été invité à participer au Deep Tech Summit en Afrique, sa première réaction a été teintée de surprise : « Je n’avais pas encore entendu parler de Deep Tech en Afrique », confie-t-il. Mais rapidement convaincu par le dynamisme de l’initiative et les résultats de la première édition, il a accepté de faire le déplacement, manquant même pour la première fois un cours à Stanford. « Environ 30 % de mes étudiants sont originaires d’Afrique. Ils m’ont dit : ‘vous devez nous faire un retour d’expérience’. »

Ce qu’il découvre sur place le conforte dans l’idée que l’Afrique est en train d’émerger comme un acteur sérieux dans l’innovation technologique mondiale, notamment en matière d’intelligence artificielle. Pour lui, le continent dispose aujourd’hui de conditions favorables pour accélérer, voire dépasser certains modèles classiques d’innovation.

L’IA : une rupture historique à fort potentiel pour l’Afrique

Fort de son expérience à la tête d’une entreprise d’intelligence artificielle il y a deux décennies, Ciesinski rappelle que les potentialités de l’IA sont désormais évidentes et omniprésentes : « En 2018, une grande firme de conseil ne classait même pas l’IA parmi les 10 principales technologies d’avenir. Aujourd’hui, elle figure dans 9 des 10 domaines prioritaires. »

Mais ce bouleversement technologique doit rester centré sur l’humain, selon lui. Il cite l’exemple de l’institut HAI (Human-Centered AI) de Stanford, dont l’objectif est de développer une IA au service de l’homme. Et c’est précisément là où l’Afrique a une carte majeure à jouer : « L’IA peut réellement égaliser les chances. Pour les startups africaines, c’est une opportunité de sauter des étapes, de repenser des applications obsolètes et de bâtir des solutions inédites. »

La Deep Tech : une innovation à trois dimensions

Selon Ciesinski, il est essentiel de distinguer la Deep Tech de la simple technologie appliquée. « Une startup technologique classique combine ingénierie et commercialisation. Mais la Deep Tech ajoute une troisième dimension : la science fondamentale. » Ce modèle, bien plus risqué pour les investisseurs comme pour les premiers utilisateurs, nécessite des cycles longs, des investissements patients et des ressources humaines hautement spécialisées.

« On parle ici de technologies qui n’ont parfois jamais été testées, voire inventées. L’engagement que cela demande est immense, mais les opportunités le sont tout autant », affirme-t-il. Il estime que les fonds de capital-risque dédiés à la Deep Tech devront envisager des horizons de 12 à 15 ans pour espérer des résultats tangibles, notamment dans des domaines comme la fusion nucléaire, l’astrophysique ou les biotechnologies alimentées par l’IA.

Le Maroc, porte d’entrée d’une Afrique innovante

Visiblement impressionné par l’accueil qui lui a été réservé et par la jeunesse des participants, Steve Ciesinski voit dans le Maroc une porte d’entrée stratégique pour une Afrique ambitieuse : « J’ai été frappé par la passion, la curiosité et l’envie de construire. Il est clair que le Maroc peut assumer un rôle de leadership régional, voire mondial. »

Pour conclure, il invite les jeunes talents africains à oser : « Ceux qui sauront anticiper les transformations des marchés, qui auront le courage d’agir et la résilience nécessaire, feront partie des leaders de demain dans l’IA et la Deep Tech. »

Rachid Mahmoudi 

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