Bruxelles a annoncé, jeudi, l’ouverture d’une consultation publique sur une série d’importations américaines susceptibles d’être ciblées par des contre-mesures européennes. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un bras de fer commercial avec Washington, qui a imposé des droits de douane touchant près de 70 % des exportations européennes vers les États-Unis, pour une valeur estimée à 379 milliards d’euros.
Selon la Commission européenne, les mesures de rétorsion à l’étude couvriraient un large éventail de produits industriels et agricoles américains, représentant environ 95 milliards d’euros. Leur mise en œuvre dépendra de l’issue des négociations en cours avec les États-Unis. Si aucun accord satisfaisant n’est trouvé, notamment sur la levée des droits jugés “injustifiés”, l’Union européenne n’exclut pas d’agir unilatéralement.
En parallèle, l’exécutif européen prévoit de porter le différend devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), contestant notamment les taxes américaines dites “réciproques” ainsi que les droits imposés sur les véhicules et pièces détachées. Bruxelles estime que ces mesures violent les principes fondamentaux de l’OMC.
Autre sujet de crispation : d’éventuelles restrictions européennes sur des exportations vers les États-Unis, notamment de ferraille d’acier et de produits chimiques, pour une valeur estimée à 4,4 milliards d’euros. Là encore, la Commission ouvre la voie à une consultation en attendant les suites des discussions.
“Nous restons attachés à une solution négociée avec nos partenaires américains. Mais nous nous préparons à toutes les éventualités”, a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, soulignant les effets déjà visibles de ces tensions sur la croissance, les prix et la confiance économique.
La consultation publique lancée par Bruxelles se poursuivra jusqu’au 10 juin. Sur la base des avis recueillis, la Commission soumettra une proposition finale aux États membres avant toute éventuelle entrée en vigueur des contre-mesures. En parallèle, si le recours à l’OMC est enclenché, un délai de deux mois sera accordé pour trouver un terrain d’entente. À défaut, un groupe spécial pourrait être constitué pour trancher le différend.
Réaction attendue : dans un contexte de fragilité économique mondiale, cette montée en tension entre deux partenaires historiques suscite l’inquiétude du monde industriel européen, qui redoute une guerre commerciale de grande ampleur, aux conséquences potentiellement durables sur la compétitivité et l’emploi.