L’intelligence artificielle est en passe de bouleverser en profondeur la manière dont les sociétés conçoivent le temps de travail. C’est le constat dressé par Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, lors d’un panel organisé à Genève en marge de la 113e Conférence internationale du Travail.
Intervenant dans le cadre du dialogue intitulé « Moteur du changement : l’IA au service de l’impact social », M. Sekkouri a souligné que l’essor de l’IA entraînera une transition vers un entrepreneuriat plus agile et vers l’auto-emploi, en particulier chez les jeunes. « Ce n’est pas seulement une nécessité économique, c’est un véritable choix de vie », a-t-il affirmé, estimant que beaucoup préféreront gérer leur carrière à travers plusieurs activités à la fois.
Le ministre a évoqué deux dynamiques induites par l’automatisation des tâches via l’IA générative : certains métiers seront “augmentés”, exigeant l’acquisition de nouvelles compétences, tandis que d’autres seront automatisés à un tel point qu’un redéploiement des ressources humaines deviendra indispensable.
Il a insisté sur la nécessité pour les gouvernements d’accompagner ces transformations. Pour les pays en développement notamment, l’IA peut représenter un levier pour sauter des étapes de développement, à condition de fournir aux jeunes les compétences nécessaires et de réformer le cadre législatif afin d’apporter plus de souplesse dans la gestion du temps de travail.
Sekkouri estime que d’ici 15 ans, l’auto-emploi pourrait concerner 30 à 40 % de la population active. Selon lui, l’IA constitue le principal catalyseur de cette tendance.
Il a également plaidé en faveur d’une gouvernance mondiale de l’intelligence artificielle, insistant sur la nécessité d’un cadre multilatéral pour encadrer ses usages et garantir une approche éthique et inclusive, au service du développement des pays les plus vulnérables.
Ce panel, organisé en collaboration avec l’Organisation internationale du Travail et d’autres partenaires, s’inscrit dans la continuité du Sommet de l’action sur l’IA 2025 tenu à Paris. Il a mis en avant des pistes concrètes pour un usage responsable de l’IA et souligné l’importance de la coopération intersectorielle pour maximiser son impact social.