En accueillant les Assises Nationales de l’Intelligence Artificielle sur son campus de Rabat, l’Université Mohammed VI Polytechnique a réaffirmé son ambition : faire de l’intelligence artificielle non pas un simple outil technologique importé, mais une opportunité pour le Maroc et l’Afrique de contribuer activement à la construction d’un progrès numérique responsable, équitable et souverain. Un message au cœur de l’intervention du président de l’UM6P, Hicham El Habti, lors de la séance inaugurale.
Dès ses premiers mots, Hicham El Habti a posé les termes du débat : il ne s’agit plus de se positionner sur un phénomène technologique de mode, mais de repenser les fondamentaux qui guideront nos sociétés dans un monde remodelé par l’IA. Il a insisté sur l’accélération fulgurante des technologies génératives et leur démocratisation à l’échelle mondiale, mettant en garde contre l’illusion de neutralité qui entoure souvent l’innovation technologique. Pour lui, l’intelligence artificielle est avant tout un miroir de nos choix, un reflet des valeurs de ceux qui la développent et des arbitrages de ceux qui la régulent.
À travers un plaidoyer lucide, le président de l’UM6P a défendu une position claire : la question n’est pas de rattraper la révolution en cours, mais de choisir la manière dont le Maroc et l’Afrique veulent inscrire leur trajectoire dans cette nouvelle ère. Pour cela, la technologie doit être pensée comme un levier d’ancrage territorial, d’inclusion sociale et de progrès responsable, ancré dans une boussole éthique, sociale et environnementale.
Cette vision se traduit déjà, a-t-il rappelé, dans les initiatives concrètes menées par l’université. L’École 1337, qui forme plus de 3 500 jeunes codeurs ; le College of Computing, qui repense les méthodes classiques d’enseignement informatique ; ou encore le mouvement AI Movement, désormais Centre de Catégorie II sous l’égide de l’UNESCO – autant de projets qui témoignent de la volonté de faire du Maroc un pôle régional de transformation numérique porté par les jeunes, la recherche scientifique et l’innovation responsable.
Au-delà du cadre national, l’UM6P porte également la voix du Sud sur la scène internationale. Son implication dans l’Alliance U7+, un réseau de plus de 50 universités de renom, lui a permis de contribuer à l’élaboration de recommandations sur l’usage responsable de l’IA, transmises aux chefs d’État du G7. Une manière, selon Hicham El Habti, d’insister sur le fait que la régulation de l’IA ne saurait être monopolisée par les puissances industrielles. Les pays du Sud, a-t-il martelé, doivent non seulement être consultés, mais devenir co-auteurs des normes internationales.
Pour cela, l’UM6P défend une triple exigence. D’abord, la rigueur scientifique, gage de crédibilité. Ensuite, l’interdisciplinarité, car l’IA dépasse les frontières traditionnelles entre technologie, sciences humaines et économie. Enfin, le partenariat : aucun acteur, qu’il soit public ou privé, universitaire ou citoyen, ne peut relever seul les défis posés par cette révolution. C’est dans la conjugaison des efforts que se trouve la clé d’un écosystème robuste, capable d’allier performance technologique et souveraineté nationale.
En conclusion, le président de l’UM6P a salué l’esprit des Assises, en affirmant qu’elles ne sont pas un simple rendez-vous technique, mais une étape politique essentielle dans la construction de notre autonomie collective. « Voulons-nous être de simples utilisateurs éclairés de l’IA, ou bien voulons-nous en être les concepteurs responsables ? », a-t-il lancé, avant de réaffirmer le choix de son institution : celui d’un engagement exigeant, mais fécond, au service du Maroc, du continent et des grandes transitions du XXIe siècle.
