Le capital-investissement marocain se projette vers 2030 : Une feuille de route ambitieuse pour un secteur en pleine croissance

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L’Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC), en collaboration avec le cabinet Strategy&, a présenté une étude intitulée « Private Equity, the New Transformative Path to 2030 », lors de sa conférence annuelle. Ce travail propose une lecture stratégique de l’évolution du capital-investissement marocain, en l’inscrivant dans les grandes transformations de l’économie nationale.

Le Maroc entre dans une phase d’accélération économique, soutenue par des fondamentaux macroéconomiques solides et un climat favorable aux investissements privés. Le Nouveau Modèle de Développement ambitionne d’augmenter significativement la part de l’investissement privé, avec pour objectif de la porter aux deux tiers du total national. Dans ce contexte, les PME jouent un rôle moteur.

Le nombre d’exportateurs a progressé de 30 % entre 2016 et 2022, témoignant d’un tissu entrepreneurial plus dynamique. En parallèle, les grands chantiers structurants du pays – tels que la préparation de la Coupe du Monde 2030, la transition énergétique, la digitalisation et l’industrialisation – renforcent l’attractivité du Royaume.

« Le Maroc vit un momentum unique, avec des fondamentaux économiques robustes et un agenda politique riche en projets nécessitant des financements innovants », souligne Jonathan Le Henry, Partner chez Strategy& et responsable Maghreb.

Un secteur en pleine accélération

Ces dernières années, le capital-investissement au Maroc a connu une montée en puissance significative. Le nombre de sociétés de gestion a doublé, passant de 20 en 2014 à plus de 40 en 2025. Les levées de fonds ont triplé, atteignant 3,9 milliards de dirhams en 2024. Le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement a agi comme levier d’amplification, avec un effet multiplicateur estimé à 3.

« Nous sommes passés d’un secteur marginal à un acteur central du financement des entreprises », affirme Hassan Laaziri, président de l’AMIC.

Des freins encore présents

Malgré cette dynamique, plusieurs limites structurelles subsistent. La très grande majorité des opérations – près de 94 % – restent des prises de participation minoritaires, ce qui réduit la capacité d’influence des investisseurs. Par ailleurs, le segment des tickets intermédiaires, compris entre 20 et 100 millions de dirhams, reste peu couvert, ce qui freine l’accès au capital pour de nombreuses PME et entreprises de taille intermédiaire. À cela s’ajoutent des contraintes fiscales et réglementaires, notamment la TVA appliquée aux frais de gestion et l’absence d’un cadre adapté à la fiscalité de groupe.

Une feuille de route structurée pour 2030

Pour consolider cette trajectoire, l’étude identifie trois axes prioritaires. Il s’agit d’abord de renforcer la mobilisation des capitaux locaux, en visant 70 % de participation des investisseurs institutionnels marocains et en intégrant davantage les family offices. Ensuite, il est question d’accroître l’attractivité du pays auprès des capitaux étrangers, notamment par des partenariats et une projection plus forte des entreprises marocaines à l’international. Enfin, l’étude appelle à instaurer un dialogue public-privé structuré, positionnant l’AMIC comme acteur moteur des réformes à venir.

« Le capital-investissement n’est pas qu’un outil financier, mais un levier de transformation économique et sociale », insiste Hassan Laaziri.

Un secteur mobilisé pour la croissance nationale

L’AMIC appelle à une mobilisation collective autour de cette ambition. Investisseurs, autorités publiques et régulateurs sont invités à unir leurs efforts pour faire du Private Equity un levier majeur du développement économique marocain. Avec un objectif annuel de levée de fonds fixé entre 5 et 6 milliards de dirhams, le secteur entend jouer pleinement son rôle dans la stimulation de la croissance, la modernisation de l’économie et la promotion de l’inclusion.

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