Des chercheurs chinois ont franchi une nouvelle étape dans la lutte contre la pollution industrielle en développant une souche bactérienne capable de dégrader simultanément cinq types de polluants organiques présents dans les eaux usées à forte salinité. L’annonce, relayée jeudi par des médias locaux, marque une avancée notable en matière de dépollution environnementale.
Les eaux visées proviennent majoritairement de sites industriels à haute intensité, notamment les complexes chimiques et les plateformes d’extraction pétrolière et gazière. Elles contiennent une combinaison tenace de substances toxiques, dont des hydrocarbures, des métaux lourds et divers composés organiques difficiles à traiter par les méthodes biologiques classiques.
Face à cette problématique, l’équipe conjointe de l’Institut des technologies avancées de Shenzhen (SIAT) – rattaché à l’Académie chinoise des sciences – et de l’Université Jiao Tong de Shanghai a misé sur la biologie synthétique. En intégrant cinq voies métaboliques artificielles au sein d’un même microorganisme, les scientifiques ont conçu une bactérie génétiquement modifiée capable de s’attaquer efficacement au biphényle, au phénol, au naphtalène, au dibenzofurane et au toluène.
Les résultats expérimentaux sont prometteurs : la souche bactérienne a éliminé plus de 60 % des cinq polluants ciblés en moins de 48 heures, avec une dégradation totale du biphényle et des taux avoisinant les 90 % pour les composés les plus complexes.
Publié dans la prestigieuse revue Nature, ce travail ouvre la voie à de nouvelles applications environnementales à grande échelle. Pour Dai Junbiao, chercheur principal de l’étude, cette innovation pourrait être utilisée pour traiter les marées noires, réhabiliter des sites industriels contaminés, ou encore accélérer la dégradation des microplastiques.
Ce développement illustre le potentiel croissant de la biotechnologie au service de la transition écologique, dans un contexte mondial marqué par l’urgence de solutions durables contre la pollution industrielle.