C’est à Abidjan, en présence de plus de 2 800 décideurs issus de 75 pays, que se sont ouverts lundi les travaux de la 12e édition de l’Africa CEO Forum. Cette édition 2025, organisée autour du thème : « Un New Deal public-privé peut-il rebattre les cartes en faveur du Continent ? », s’inscrit dans un contexte mondial marqué par l’urgence de repenser les modèles de croissance et d’investissement.
Le Maroc prend part à ce grand rendez-vous économique à travers une délégation composée de représentants de plusieurs institutions clés. Y figurent le ministère de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, l’OCP, Casablanca Finance City Authority, la CGEM, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), le Port Tanger Med, ainsi que des acteurs du secteur privé dans les domaines de la finance, de l’énergie, des assurances, des mines, de l’industrie ou encore de la pharmacie.
Un appel à la transformation économique du continent
En lançant les travaux du Forum, le président ivoirien Alassane Ouattara a souligné l’ampleur des défis à relever dans un monde en pleine mutation. Il a déclaré : « Nous devons désormais œuvrer au renforcement des échanges intra-africains à travers la poursuite des efforts de transformation de nos matières premières et progresser plus rapidement dans la mise en œuvre de la Zone de Libre Échange Africaine (ZLECAf) ». Il a exprimé le souhait que cette édition serve de moment d’engagement collectif pour concevoir des solutions ambitieuses.
La rencontre ambitionne précisément de poser les bases d’un nouveau contrat entre États et entreprises africaines pour accélérer la transformation économique du continent. Elle entend mettre en lumière la nécessité d’une gouvernance renouvelée et la mobilisation du capital privé, au cœur d’une stratégie visant à créer des emplois, stimuler la productivité et restaurer la confiance.
Vers un partenariat renouvelé entre public et privé
Le directeur général de la Société Financière Internationale (IFC), Makhtar Diop, a insisté sur l’importance de franchir un cap dans la mobilisation du secteur privé. « Pour atteindre cet objectif et répondre aux aspirations de la jeunesse, nous avons besoin d’un new deal entre les entreprises et les décideurs publics », a-t-il déclaré, en déplorant que le potentiel africain reste encore largement inexploité.
Même tonalité du côté d’Amir Ben Yahmed, président de Jeune Afrique Media Group, pour qui « l’Afrique doit développer sa capacité à dialoguer et donner les moyens au secteur privé pour jouer son rôle dans la libération de la croissance ». Selon lui, cet alignement est indispensable pour repositionner le continent dans le nouvel échiquier économique mondial.
Des débats de fond et des enjeux politiques
Au-delà des échanges stratégiques, l’un des temps forts du forum sera le grand débat public entre les candidats à la présidence de la Banque Africaine de Développement, un moment inédit qui place la gouvernance continentale au cœur des préoccupations.
La réflexion engagée durant ces deux jours repose sur trois piliers : l’amélioration de la gouvernance, l’optimisation des politiques publiques, et l’accélération effective de la ZLECAf. Le tout dans un environnement mondial contraint, marqué par la montée du protectionnisme, une aide au développement en recul et des coûts d’endettement en hausse.
Une plateforme d’échange stratégique pour les décideurs africains
Organisé par le Groupe Jeune Afrique en partenariat avec l’IFC, l’Africa CEO Forum se positionne comme une plateforme incontournable pour aborder les grandes tendances du développement économique africain. Au programme figurent notamment des débats sur l’intelligence artificielle au service de la gouvernance, la souveraineté énergétique du continent, la résilience logistique post-Covid, ou encore les nouvelles sources de financement face au désengagement de l’aide extérieure.